Isles-lès-Villenoy, lieu phare du tourisme en Ile-de-France ?
Il fut en tout cas une époque, pas si éloignée, où la commune attirait de véritables foules venues profiter des joies de la campagne au fil de l’eau. A eux deux, la Marne et le canal de l ‘ Ourcq représentent en effet 7 80 mètres de berges que les promeneurs prenaient grand plaisir à arpenter aux beaux jours. A partir de 1870, les bords de Marne étaient devenus l’un des lieux de villégiature les plus appréciés des Parisiens.
Les chansons du début du siècle en portent le témoignage : “Le Parisien, chaque printemps / Voit renaître sa manie / De venir jouir du printemps / Au bord de la Marne fleurie ” , chantait-on alors. Grâce au chemin de fer (et à l’ouverture de la ligne Paris-Meaux le 5 juillet 1849), les habitants de la capitale avaient trouvé en Brie un espace de plaisir et d’évasion proche de Paris. C’est ainsi que l’on aperçoit alors au bord de l’eau de belles Parisiennes, drapées de satin et de soie, la tête ornée de chapeaux richement décorés. A leurs bras, les messieurs portent le canotier, couvre-chef typique de la Belle Époque. À la même époque, de riches bourgeois choisissent Isles-lès-Villenoy pour y faire construire leur résidence secondaire et y passer leurs vacances en famille. Les archives de la commune conservent la trace de certains de ces vacanciers aisés, tels le sénateur Sébastien Krantz (1817-1899). Le canotage est aussi à la mode, si bien que le dénommé Marchandin, tenancier de l’hôtel du Pont de la Marne, a la bonne idée de louer des barques. Les amoureux se laissent porter par le courant de la rivière, tandis que d’autres s’adonnent à la pêche : la Marne a de tous temps été réputée pour ses goujons !
Outre l’hôtel du Pont de la Marne, on peut aussi séjourner à l’hôtel du Pont du chemin de fer et à la Maison Bouvier. Cette dernière est un lieu de rencontre très prisé par les hommes pour boire un café ou disputer une partie de billard. Les dames viennent quant à elles y acheter des cartes postales ou du fil à repriser. Preuve du dynamisme touristique d’Isles-lès-Villenoy, la commune dispose alors au total de quatres cafés-hôtels-restaurants, qui affichent régulièrement complet. Aujourd’hui, avec 831 Insuvillaises et Insuvillais (nom des habitants) au lieu de 250 à l’époque,seulement deux hôtels sont toujours installés sur le territoire communal. Mais les plaisirs changent : plutôt que des promeneurs des bords de Marne, la clientèle est aujourd’hui majoritairement composée de visiteurs d’un célèbre parc d’attraction voisin. Et, si l’on dénombre toujours plus d’une vingtaine de résidences secondaires recensées dans la commune, c’est trois fois moins qu’il y a encore 30 ans.
Faut-il en conclure que les touristes, héritiers de la Belle Époque, ont délaissé Isles-lès-Villenoy ? Ou peut-être les vacanciers d’hier ont-ils simplement choisi d’y établir domicile définitivement, et de profiter ainsi toute l’année du charme et de la quiétude ambiante…